Se mettre à son compte: Quel boulot !


Quand on en a marre de son patron, de ses collègues, du lien de subordination et autres joyeusetés du salariat, on se dit que ce serait plus simple de se mettre à son compte.
Allez hop, aux pelotes les horaires imposés, la peur d’être en retard tous les matins, les ordres et contre-ordres sans queue ni tête qui se succèdent sans la moindre justification, la pression des objectifs, des chiffres, des graphiques absurdes, des dossiers qui s’accumulent, les réunions qui s’éternisent…
Vive la Liberté !
Désormais, je vais travailler pour moi, plus de comptes à rendre, plus de chef irascible, plus de pression démesurée, plus de crainte d’être viré !
Eh oui, ça paraît le Paradis, comme ça.
Et pourtant, bien souvent, ce paradis peut se transformer en enfer. Pourquoi ? Parce qu’on transporte ses propres problématiques de travail et ses représentations antérieures avec soi.
Et elles ne vont pas disparaître parce que vous vous retrouvez tout seul. Bien au contraire !
Au boulot, vous vous heurtiez aux autres, qui n’appréciaient pas tels ou tels de vos défauts ou telles ou telles de vos qualités. Une fois seul, c’est face à vous-même que vous vous retrouvez. Et là, plus possible de se mentir.
Enfin si, on peut encore, durant un certain temps, mettre son absence ou son manque de résultats sur la conjoncture, la crise, le manque de bonne volonté des clients… mais au bout d’un moment, il va bien falloir vous en rendre compte : certes, on ne vous appréciait pas à votre juste valeur dans votre ancien travail, mais quand même, vous n’êtes pas parfait !
Et cette fois, ce n’est pas parce que Dupont est un imbécile ou Durand est un con.
Face à vous-même, il fait bien l’admettre. Vous avez de grandes qualités, mais aussi de grosses lacunes.
Inutile de culpabiliser. Maintenant que vous acceptez de vous regarder en face, il faut agir !

Hé oui, personne ne nous prépare à être autonome, ni nos parents, dont ce devrait être le premier devoir, ni l’école qui doit avant tout vous transmettre des savoirs de base, ni les études, ni l’apprentissage, ni la vie active…
Depuis toujours, vous devez obéir, faire ce qu’on vous dit, ne pas faire ce qu’on ne vous dit pas, être puni si vous fautez. Vous pouvez bien avoir un caractère indépendant, n’avoir jamais supporté les ordres ni l’autorité, peu importe, jamais vous n’avez eu l’occasion d’exercer votre autonomie. Jamais, ou rarement, on ne vous a appris à décider par vous-même, à vous donner des objectifs, à les chiffrer, à vous organiser, à trier dans la masse de boulot ce qui est pertinent ou non.
Et du coup, quand, du jour au lendemain, on se retrouve son propre patron, on fait face soudain à une montagne gigantesque ou à un vide abyssal.
Dans les deux cas, c’est la paralysie assurée.
Eh oui, on se croit autonome et multitâche, parce que dans son ancien emploi, on avait un certain degré de responsabilité, et bien souvent on faisait le travail de trois personnes. Mais vous aviez les grandes lignes, le cadre qui étaient déjà tracés. Et des services support (informatique, secrétariat, comptabilité, Rh…) qui vous permettaient, même s’il fallait parfois râler, de vous consacrer à votre activité principale. Et des clients qui venaient « tous seuls ». Et des partenaires déjà définis, des prescripteurs déjà identifiés, des fournisseurs agréés… Et des commerciaux pour vendre vos services…
Eh oui, vous faisiez partie d’une vaste organisation dont les rouages étaient nombreux. Et dont vous ne perceviez pas forcément l’ampleur et l’importance de la tâche.
Maintenant, la vaste organisation, c’est vous. Les rouages, c’est vous. Les leviers, c’est vous. Et le commandant aussi, c’est vous.
Oui, vous l’avez compris, vous n’êtes pas seulement devenu votre propre patron, vous êtes devenu l’entreprise à vous tout seul.
Qui est-ce qui donne les grandes lignes et fixe les objectifs ? C’est vous. Jusqu’ici, tout va bien, du moins, c’est ce que vous croyez. Qui se charge de les faire appliquer ? C’est vous, bien sûr. Et vous verrez que vous êtes parfois bien trop cool avec vous-même ou bien trop sévère, comme l’étaient vos « petits chefs » antérieurs. Les employés qui vont « faire le boulot », c’est vous, vous et encore vous. Mais ce n’est pas fini : vous allez également devoir assumer les tâches de secrétariat, de comptabilité, de ressources humaines, de service informatique, de service-achat, de service après-vente, de service impayé, d’avocat même, parfois…
ARGL… Vous vous étranglez sous l’ampleur de la tâche ? Attendez, je ne vous ai pas tout dit.
Les clients, ils ne vont pas venir tout seuls : il va falloir aller les chercher. Donc, le commercial et le service communication, c’est encore vous. Sans parler de l’accueil téléphonique et le service réclamation 24 h/24.
Les partenaires, les prestataires, les prescripteurs, ils n’existent pas encore. C’est encore vous qui allez devoir les démarcher.
Vous commencez à vous dire que c’est un travail de Titan ? Oui, c’est vrai. Vous comprenez maintenant pourquoi beaucoup d’entrepreneurs indépendants croulent sous le travail sans pour autant toucher un meilleur salaire qu’avant.
Car, oui, cruelle désillusion, si vous allez devoir abattre à vous tout seul le travail de dix employés (au moins), vous n’allez pas pour autant gagner leurs salaires… Et là, évidemment, c’est le plus dur quand on vient du salariat.
Un salaire qui ne rentre pas au début, puis qui rentre de temps en temps, mais qui n’est pas toujours le même, puis qui rentre pendant un certain temps puis plus rien, mais qui, de toute façon, reste très variable et aléatoire.
Et vous en arrivez au paradoxe de travailler davantage en étant moins payé qu’avant ! Et en devant prendre toutes les décisions, tous les risques et responsabilités !
Vous l’aurez compris, se mettre à son compte, ce n’est pas si facile qu’on pourrait le croire. Il faut en être conscient avant de se lancer, bien se préparer, planifier et s’organiser, et déléguer dès que possible tout ce qui n’est pas de votre compétence principale. Car, et heureusement, toute cette folle activité ne va pas vous tomber dessus du jour au lendemain. Vous allez déjà bien ramer avant de décrocher vos premiers clients, ça vous laisse le temps d’apprendre les compétences dont vous avez besoin, et de vous organiser petit à petit. Et là… Nouveau challenge ! Il ne faut pas se décourager devant les clients et les résultats qui tardent à arriver ! Ni se laisser dissoudre petit à petit dans l’inactivité…

Eh oui, vous le savez maintenant, se mettre à son compte, c’est du boulot. Mais quand on aime sa liberté, ça le vaut bien.
Et nous sommes nombreux à pouvoir vous aider…
Bon courage, les hommes et femmes-orchestre ! 🙂
ss_by_jm_crea

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.